Rezoir, 2e lame

Publié le par jeresiste

Le jour de l’annonce des premiers sélectionnés au prix Goncourt, je croise un éditeur de la maison qui publie le dernier Reza. Il a le sourire, il revient de vacances tardives, il est bronzé. 

- Dis donc, ça a l’air d’aller toi ?
- Oui, merveilleusement bien (ok, un éditeur ne dirait jamais ça, j’enjolive un peu).
- Tu as vu la liste du Goncourt, je risque avec une petite grimace.
- Oui, génial, tu as vu ? Il y a Machine qui est prise, et Truc aussi, pour son second roman seulement, c’est super, et je suis si content pour Bidule, vraiment il mérite cette reconnaissance.
- Oui… (je rictusse un peu plus encore). Mais t’as pas remarqué ?
- Remarqué quoi ?
- Ben (je sens que je vais l’assommer alors j’y vais en douceur, j’étire mes phrases au maximum)… y’a pas le Reza..
- Le… QUOOOOOOOIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ?
 

Je n’avais jamais vu un bronzage se dissiper en 15 secondes. Là je l’ai vu… J’ai clairement aperçu aussi l’angoisse du salarié qui va devoir rendre compte à son patron d’un accident industriel (je tiens à préciser que cet éditeur n’est pas celui qui suit Reza dans ladite maison, soyons précis).

Il a un hoquet, il chancelle un peu, je lui verse à nouveau du Perrier (désolé pour le placement de produit, mais c’était VRAIMENT du Perrier). 

- Ahhhhhhh…. Non, tiens, fait-il mine de se ressaisir. Mais tu es SÛR de ça
- Ben, tu sais… La liste, c’est la liste, hein… Y’a pas vraiment de quoi se tromper. Même s’il y a beaucoup plus de présélectionnés que d’habitude (j’enfonce le clou, cruel que je suis, beaucoup de sélectionnés… mais pas ELLE !).
- Tu sais quoi ? Faut absolument qu’on se fasse un dej. Je t’appelle sans faute, hein ?
 

Il a déjà disparu hors du café. Son Perrier est resté au même niveau dans le verre. Je me dis qu’il va passer une vraie sale journée et que le Goncourt sort un peu grandi de l’histoire. Je vous resers quelques bulles ?

PS : Pour info, les sélectionnés
Olivier Adam : A l'abri de rien (L'Olivier)
Pierre Assouline : Le portrait (Gallimard)
Philippe Claudel : Le rapport de Brodeck (Stock)
Marie Darrieussecq : Tom est mort (P.O.L.)
Vincent Delecroix : La chaussure sur le toit (Gallimard)
Delphine De Vigan : No et moi (J.C. Lattès)
Michèle Lesbre : Le canapé rouge (Sabine Wespieser)
Clara Dupont-Monod : La passion selon Juette (Grasset)
Yannick Haenel : Cercle (Gallimard)
Gilles Leroy : Alabama Song (Mercure de France)
Amélie Nothomb : Ni d'Eve ni d'Adam (Albin Michel)
Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : J'ai tant rêvé de toi (Albin Michel)
Grégoire Polet : Leurs vies éclatantes (Gallimard)
Lydie Salvayre : Portrait de l'écrivain en animal domestique (Seuil)
Olivia Rosenthal : On n'est pas là pour disparaître (Verticales)

Ripley

Publié dans par Ripley

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Dupont-Monod, elle est tellement c... qu'elle m'excite. Pur produit de la déchéance du système éducatif français qui se reproduit avec ses propres élèves. Quelle misère !
Répondre
E
ëtes-vous assez fous pour jouer à ça?http:/:ecaterina.blogs-de-voyage.frnon, ceci n'est pas un spam...
Répondre
S
Bien essayé le coup du Perrier, pour brouiller les pistes.
Répondre
G
Quelle joie de voir apparaître Clara Dupont-Monod et Vincent Delecroix sur THE liste ! Leurs livres sont absolument rafraîchissants…(à propos de rafraîchissement, sans vouloir piquer son job à Dahlia, y'en a minuscule coquille au fond du verre de Perrier… Viens vite nous le resservir, M. Ripley !)
Répondre
T
En ressort grandi ça reste à débattre...quand on voit la liste des "préselectionnés"  il n'y a franchement pas de quoi se réjouir non plus.
Répondre