Peut-on vraiment critiquer tout le monde?

Publié le par jeresiste

girau.jpgJe me pose une question. Ne le prenez pas mal surtout, ceci n’est pas du mauvais esprit (pour une fois). J’ai lu le dernier, enfin, je veux dire, le nouveau livre de Bernard Giraudeau, Les dames de nage. Oui, bon. Sympa, mais sans plus. Si l’écriture est belle, l’histoire part dans tous les sens. Ce roman (biographie déguisée) est décousu et j’y ai trouvé pas mal de pages chiantes. Je sais, des choses comme ça ne se disent pas. Surtout que l’homme se bat contre la fameuse « longue maladie ». Ce n’est pas péché de le dire puisqu’il en parle dans toutes les interviews. Ma question (j’en reviens à mon propos initial) est simple : peut-on dire du mal d’un roman écrit par un homme qui lutte pour rester en vie ? Sans être cinglant, peut-on vraiment critiquer négativement un homme aussi courageux que Giraudeau ? Encore une fois, j’ai une grande admiration pour cet homme, je vous assure. Mais, je me suis retrouvé en face de lui et je me suis vu ne pas exprimer ce que je pensais réellement de son livre. Pour moi, c’est un sacré problème. J’ai fait preuve de commisération, rien de plus. Je n’ai pas eu le cœur de lui dire des choses négatives. Bernard Giraudeau est un type bien et en plus, malade. Parce que je le savais en le rencontrant, cela a parasité ma façon de mener mon interview (alors que je suis capable d’être une vraie teigne). J’aborde ce sujet un peu délicat parce qu’il se trouve que je ne lis que des articles dithyrambiques dans la presse et je ne vois à la télé que des journalistes ou animateurs se prosternant devant son œuvre. J’en suis le parfait exemple mais c’est agaçant. Quoi, Giraudeau a écrit LE livre parfait ?
Il faut raison garder. Bernard Giraudeau a écrit un livre honorable mais qui ne mérite pas ces concerts de louanges. J’en suis certain.
Qu’en pensez-vous ?
 
Rastignac

Publié dans par Rastignac

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S
Oui, il est admirabe Giraudeau. Mais son livre l'est-il ?..La question est là. Peut-on assurer un commentaire négatif à partir d'un service de presse ?..On peut le faire sans doute. Se mettre en danger de ne plus recevoir de livres, de se faire engueuler par l'auteur et l'éditeur, aussi.Le blogueur travaille sans doute pour une entreprise qui ne peut se permettre de se mettre à dos les auteurs, éditeurs et autres, sans parler des collègues.On considérera donc que les critiques valables émaneront de critiques n'ayant rien à foutre des sanctions corrélatives aux éreintements, et/ou oeuvrant en libres blogueurs pour le plaisir.Bien dommage, les auteurs commes les éditeurs ayant besoin de retour non biaisées par le marché...C'est dans cette optique que je lis ce blog qui m'apparaît sympa mais plutôt destiné à promouvoir les qualités d'écriture de l'attaché, souligner son entregent et accessoirement chatouiller quelques vanités.Ca se lit bien, cependant.
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M
ça prouve simplement que tu as du coeur... contrairement à d'autres...
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B
Il me semble avoir lu une ou deux interviews qui parlaient essentiellement de l'homme (qui semble, effectivement un type bien, et très élégant) et évoquaient assez peu l'oeuvre. Doit-on considérer que ce sont des pirouettes? Vos confrères s'en sont bien tirés, on lisait entre les lignes.<br /> Mais n'est-ce pas surtout parce que la maladie nous fiche la trouille? Ne rien dire de désagréable sur quelqu'un qui est malade, c'est un peu pratiquer la pensée magique... Sinon, on ne sait jamais ce que l'on risque en retour...
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T
c'est un peu chiant cette collusion implicite qui existe entre un auteur et son livre, et qui interdit d'attaquer l'un parce que ce serait injurier, pourfendre, violenter, ou que sais-je, l'autre, d’autant plus s’il est malade... il est, dit-on dans certains milieux avertis, communément admis qu’une œuvre publiée n’appartient plus à son auteur… il n’y apparemment, dans les faits, rien de plus faux : dire qu’un livre est mauvais, c’est risquer de faire croire que l’on pense que son auteur est un con ou un âne bâté ou un handicapé de la plume… pourtant, on peut être sans peine mauvais écrivain, bon amant et joueur de criquet émérite ; et ça ne devrait avoir aucune importance… il me semble qu'auteurs et critiques devraient être assez adultes que pour comprendre que dire ce que l'on pense vraiment d'un livre – en bien ou en mal – n'implique pas la personne de l'auteur en tant que personne ; il me semble aussi que chacun, dans la mesure de ses moyens, devrait essayer de faire son métier honnêtement : l'un écrire, l'autre juger l'écrit qu’il a en fasse des yeux... mais toute discussion semble impossible à priori… il y a comme une sorte de chantage affectif qui pourri les relations des uns aux autres… est-ce la susceptibilité de l’auteur qui pose problème ? est-ce l’opinion publique qui n’admet pas que l’on distingue l’œuvre de son auteur, donc pousse le critique à faire le moins de vague possible ? est-ce le critique qui craint de blesser gratuitement quelqu’un qui, somme toute, ne lui a rien fait (que du contraire il lui fourni matière à faire son boulot) ?... à mon avis toutes ces raisons et d’autres encore doivent s’emmêler, s’interpénétrer et créer l’embrouille que vous mettez en exergue… la position du critique a toujours été inconfortable – et sans doute l’est elle de plus en plus – parce viennent se greffer à des considérations littéraires des considérations humaines (qui émergent tout naturellement suite à la rencontre de deux personnes) parasitaires...
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M
Je pense... que j'ai évité le piège pour ma part : je ne parle que des livres que j'ai aimés (à 80% au moins, je ne descends pas sous cette barre). Et je ne parle jamais des auteurs, sinon pour évoquer leurs autres livres.<br /> Mais évidemment ce n'est pas mon gagne-pain, j'ai pu définir mes propres règles.
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